Le règne de Louis XIV, qui s'étend de 1643 à 1715, dure 72 ans, ce qui en fait le plus long de l’histoire de France. À la mort de Mazarin en 1661, Louis XIV entame un règne personnel de 54 ans, sans Premier ministre, concentrant tous les pouvoirs entre ses mains. Il gouverne en monarque absolu, centralisant l’administration du royaume avec l’appui d’intendants (au nombre de 33 environ), répartis dans les provinces pour faire appliquer ses décisions. Son gouvernement émet plus de 500 000 textes législatifs (édits, ordonnances, règlements) durant tout le règne, illustrant l’hypercentralisation monarchique.

Louis XIV entreprend également de vastes travaux de prestige, en particulier la transformation du pavillon de chasse de Versailles en un palais somptueux. Les travaux commencent dès 1661 et mobilisent jusqu’à 36 000 ouvriers. En 1682, le roi y installe la cour et le gouvernement. Le coût du chantier est colossal, évalué à plusieurs centaines de millions de livres tournois. Par ailleurs, le roi renforce l’influence de l’État dans les arts et les savoirs par la création de plus de 30 académies, dont l’Académie des sciences (1666), l’Académie d’architecture (1671), ou encore l’Académie royale de musique (1669).

Le règne de Louis XIV est aussi marqué par une activité militaire constante. Sur ses 54 ans de règne personnel, 33 sont occupés par des guerres. L’armée royale connaît une transformation majeure : elle passe d’environ 100 000 hommes en 1661 à plus de 400 000 soldats autour de 1700, faisant de la France la première puissance militaire européenne. Parmi les principaux conflits, on peut citer la guerre de Dévolution (1667-1668), la guerre de Hollande (1672-1678), la guerre de la Ligue d’Augsbourg (1688-1697), et la guerre de Succession d’Espagne (1701-1714). Ces campagnes coûtent extrêmement cher : jusqu’à 75 % du budget royal peut y être consacré à certaines périodes.

Sur le plan économique, le poids des guerres et des grands travaux entraîne une dette publique multipliée par six entre 1661 et 1715. Le budget de l’État, d’environ 32 millions de livres en 1661, atteint environ 220 millions à la fin du règne. La fiscalité est de plus en plus lourde : la taille, la gabelle (impôt sur le sel), les aides (taxes sur les produits de consommation) augmentent fortement. L’impôt pèse surtout sur le Tiers État, tandis que la noblesse et le clergé bénéficient d’exemptions fiscales.

Sur le plan religieux, Louis XIV impose une politique d’unification catholique stricte. En 1685, il révoque l’édit de Nantes par l’édit de Fontainebleau, mettant fin à la tolérance envers les protestants. Cela provoque l’exil d’environ 200 000 huguenots, souvent artisans, commerçants ou intellectuels, ce qui affaiblit certaines régions économiquement. Le roi encourage la construction religieuse : plus de 2 000 églises sont édifiées sous son règne.

En matière démographique, la France de Louis XIV est le royaume le plus peuplé d’Europe, avec environ 20 millions d’habitants vers 1700. Toutefois, les guerres, la fiscalité, les famines (notamment entre 1693 et 1694) et les épidémies provoquent des centaines de milliers de morts, notamment dans les campagnes.

Enfin, le règne de Louis XIV est un apogée de la culture classique française. Le roi protège des artistes majeurs comme Molière, Racine, Lully, Le Brun, La Fontaine ou encore Le Nôtre. Il façonne un véritable modèle culturel français, fondé sur l’ordre, la raison, le goût de la grandeur. Versailles devient un centre culturel et politique de rayonnement européen, illustrant l'idéal monarchique de la cour du Roi-Soleil.